La génétique et le Tantra – les secrets des neurohormones et du bonheur en couple (5)

Le cerveau des amoureux surprend les scientifiques

Quelle est la neuroanatomie d’une histoire d’amour normale ? Que se passe-t-il dans l’esprit d’un homme touché par la flèche de Cupidon? Comment arrive-t-il à « tomber » du rêve plein d’arcs-en-ciel éblouissants et de pétales de rose dans la routine banale et terne du quotidien ? Pourquoi après un, deux, trois, quatre ans au maximum, les couleurs ne brillent-elles plus aussi intensément ? Pourquoi les roses montrent-elles leurs épines ? Ce qui avait semblé aux amoureux être l’amour de leur vie, éternel et intangible, ressemble maintenant aux autres histoires qu’ils ont vécues, plus ou moins tristes et douloureuses… Au début, les amoureux idéalisent tout, ils regardent tout dans une perspective transfiguratrice et magique. Ils sont aidés du point de vue spirituel par l’énergie du début, par la grâce divine qui leur a offert le don de l’amour, les motivant à désirer cette relation de couple. En outre, des études le montrent, ils sont soutenus par une bonne dose d’hormones euphorisantes.

Les scientifiques ont pris leur travail au sérieux – ils ont effectué des analyses, des études, des tomographies. Ils ont montré à des sujets des photos de leurs bien-aimés, ils leur ont demandé de les évoquer mentalement, ou même de s’auto-induire des états érotiques, voire de s’auto-érotiser en ayant à l’esprit l’image de l’être aimé pour atteindre des états d’orgasme qu’ils ont scannés par résonance magnétique. Ils ont constaté qu’à partir du moment où un amoureux évoque l’être aimé, la partie de son cerveau responsable de la pensée rationnelle, logique et déductive cesse de fonctionner. Le scanner montre une activité minimale dans le cortex, ce qui correspond à ces centres neuronaux ; ce qui reste lumineux sur l’écran et qui indique de l’activité est le centre du plaisir situé dans le cervelet.

Le cervelet est le cerveau atavique, ancestral, où sont concentrés tous les instincts de survie – la respiration, la fréquence cardiaque et toutes les fonctions inconscientes. Tout à fait instinctive, cette fonction complexe de soutien de la vie à tous égards est commune à tous les mammifères. Les scientifiques ont étudié ce qui se passe dans le cerveau au niveau hormonal lorsqu’on tombe amoureux et même pendant l’orgasme (même si celui-ci a été causé uniquement par auto-érotisme, lorsque le sujet regarde l’image de son/sa bien-aimé(e)). La découverte a été surprenante. Le cerveau d’une personne amoureuse qui vit un état d’orgasme en évoquant l’être aimé est inondé d’hormones euphorisantes au niveau des centres du plaisir pulsionnel, et ce schéma ressemble fortement au mode d’activation du cerveau humain sous l’influence de drogues très fortes, comme la cocaïne ou l’héroïne. Toutes ces études ont été réalisées sur des sujets n’ayant aucun tendance ou formation spirituelles, elles ont été réalisées sur des gens amoureux de façon passionnelle et instinctuelle.

 alex grey

Les souffrances de l’amour ressemblent au sevrage

On ne peut pas demander à une personne sous l’influence de drogues ou euphorisée par l’alcool d’être rationnelle ou logique, on ne peut pas le demander non plus aux amoureux qui, en termes d’activité neuronale, ne peuvent être considérés comme étant pleinement « éveillés ». Ceux qui ont pris des drogues présentent une surexcitation de certains centres et le cerveau des amoureux passe par le même processus qui mène à la suractivité, à l’euphorie, à un niveau d’énergie accru, à une sensation de toute-puissance. Lorsqu’on est amoureux, on n’a envie ni de dormir ni de manger, on est prêts à n’importe quel effort, à toutes sortes d’actes inhabituels, dont certains irrationnels et illogiques, on se sent toujours très gai, très heureux, même par exemple de voyager 2500 km juste pour rencontrer notre bien-aimé, ne serait-ce qu’un jour. On se sent des papillons dans le ventre et notre cerveau est très actif, nous sommes dans un état d’extrême motivation.

Comme ceux qui consomment des drogues, les amoureux ont tendance à surévaluer ce qui leur arrive. La façon dont leur cerveau fonctionne détermine la ferme conviction que tout est spécial, unique, incroyable et que l’amour qu’ils vivent maintenant va durer pour toujours. Les neurohormones de l’amour leur font croire que la relation va durer éternellement, même s’ils ne font rien d’autre que se laisser aller dans les mains du destin.

Mais qu’advient-il lorsque l’état amoureux disparaît ? Pourquoi les gens souffrent-ils tellement et veulent-ils ardemment que tout soit « comme avant » ? Toutes ces souffrances que l’on dit « provoquées par l’amour » se reflètent au niveau des hormones de façon très similaire au sevrage induit par la prise de drogues. Lorsque le stimulus qui excite le cervelet manque, les hormones n’activent plus ces centres du plaisir et les gens éprouvent le même sentiment de manque, de dépendance et de privation, qui peut conduire certaines personnes à la dépression, à des tendances suicidaires ou à des gestes irréparables.

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La nature nous veut immortels, non pas accomplis au sein d’un couple

Les scientifiques se demandent si nous sommes condamnés à nous séparer. En effet, les découvertes les plus récentes ne sont pas joyeuses : la race humaine, comme toutes les autres races de mammifères, est programmée génétiquement pour assurer la perpétuation de l’espèce et non pas l’harmonie à long terme dans un couple stable. Avec la multiplication des combinaisons de modèles génétiques possibles se multiplient aussi les chances de survie. Et ces combinaisons de différents modèles génétiques n’apparaissent que lors de combinaisons avec différentes personnes – ce qui signifie que l’infidélité est inscrite dans les lois de l’évolution biologique jusque dans nos gènes. La nature n’a pas intérêt à ce que nous soyons heureux mais à ce que nous soyons immortels, grâce au transfert réussi de caractéristiques biologiques à nos descendants potentiels.

La neurosexualitéest la sciencequi étudiel’influencede la programmation génétiquesur notre vie,et commentcelle-ci modèle notre érotismeet notre comportementnon seulement dans larelation de couple, mais aussidans la vie quotidienne, dans notre travail, nos loisirs, et même son influence sur notre type de constitution physique etnotredegré de dynamismeet d’éveil érotique.

Selon les experts en psychologie de couple, après la période de grâce allant de 2 à 4 ans, semblent émerger de nulle part des tensions et des irritations qui font que petit à petit la relation se dégrade. Généralement, les femmes sont de plus en plus possessives et exigeantes, tandis que les hommes se sentent dévorés, étouffés et ont besoin d’indépendance. La génétique donne une explication très simple : les hommes produisent 50% de plus de sérotonine que les femmes, la sérotonine étant entre autres l’hormone de l’auto-satisfaction, de sorte qu’ils sont tout simplement satisfaits et en paix avec la plupart des situations dans lesquelles ils se trouvent. Par contre, le cerveau des femmes produit 50% de plus de dopamine. Il s’agit de l’hormone de l’action, de la tendance à vouloir changer, modifier, improviser, créer et agir, ce qui les rend prêtes à améliorer perpétuellement les choses mais qui peut aussi les rendre difficiles à vivre.

Les couples qui laissent la génétique poursuivre son plan secret en arrivent, une fois l’intense sentiment amoureux disparu, après que la période de lune de miel se termine, à des disputes perpétuelles, au sentiment de stagnation, à la dépendance et à la tendance mutuelle à vouloir contrôler l’autre. Tout peut y passer : le chantage affectif, les larmes et les menaces comme moyen de manipulation, le sentiment de ne plus ressentir l’harmonie et la flamme du début, le pessimisme, la jalousie morbide, la suspicion, la possessivité et l’attachement, la tendance à rendre toujours l’autre totalement responsable de ce qui se passe.

La question qui se pose évidemment est : « pourquoi ? ». Longtemps, la réponse communément admise était la détérioration de la relation érotique associée à la frustration, voire au sentiment d’être utilisé comme un jouet sexuel (chez les couples habituels, on ajoute les conséquences négatives de l’éjaculation). Alors, comment se fait-il qu’il y ait quand même des souffrances dans la relation amoureuse, des séparations même parmi les couples qui pratiquent la continence sexuelle, et qui, théoriquement, ne devraient pas souffrir de cette détérioration ?!…

(à suivre…)

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